Comme un trait d’union entre passé et présent, Angelin Preljocaj nous offre un programme composé de deux pièces d’anthologie de son répertoire, Annonciation et Noces, auxquelles il associe Torpeur.
Comme un trait d’union entre passé et présent, Angelin Preljocaj nous offre un programme composé de deux pièces d’anthologie de son répertoire, Annonciation et Noces, auxquelles il associe une nouvelle création, Torpeur. Une fresque en trois chapitres, une plongée de choix dans quatre décennies de création d’un immense chorégraphe.
À la fin des années 1980, Angelin Preljocaj bouleverse le paysage chorégraphique avec ses pièces audacieuses, d’un genre inédit et d’une folle technicité. Près de quarante ans plus tard, l’artiste s’est imposé en maître dans le monde de la danse, devenant un ambassadeur de la culture française à l’international. Dans Annonciation (1995), qui se déploie sur le Magnificat de Vivaldi, c’est le moment sacré de l’Immaculée conception qu’Angelin Preljocaj revisite : un pas de deux entre l’ange et la Vierge qui fait apparaître toute la puissance charnelle de cet épisode des mystères de la foi.
Avec Noces, le chorégraphe se tourne vers les Ballets russes. Inspirée des traditions nuptiales des Balkans, cette pièce fondatrice de 1989 déchaîne les corps réels et artificiels, des poupées de chiffon, pour exorciser les peurs et sublimer la barbarie banale des épousailles. Plongeant dans l’intimité de cinq duos d’époux sur la musique prodigieuse de Stravinsky, ce chef-d’oeuvre n’a pas pris une ride et résonne fort avec notre société.
En miroir à ces deux pièces-phares, les douze interprètes de Torpeur, traversés par la musique survoltée du compositeur 79D, glissent d’une folle vitalité à une languissante sensualité en déployant des trésors d’énergie et d’expressivité. Très ciselée, mêlant perfection formelle et intensité émotionnelle, cette nouvelle pièce s’inscrit parfaitement dans la quête esthétique qu’Angelin Preljocaj poursuit inlassablement depuis plus de trente ans.